Prisunic : un rendez-vous design vintage

Il y a un peu plus de 20 ans, disparaissait à Paris l’enseigne Prisunic, alors rachetée par Monoprix. Une exposition, présentée du 22 au 25 novembre dans le cadre de Design Fair Paris (ex-Les Puces du Design), retrace l’aventure du “premier magasin populaire” et révèle, autour d’une centaine d’affiches et supports graphiques tirés des années 60-70, toute l’inventivité créative du style Prisu.

Prisunic : magasin populaire

« Prisu, c’est foutu », titrait L’Express il y a 20 ans. En 1998, le “magasin populaire” le plus vieux de Paris fermait ses portes. Tout avait commencé en pleine crise. Celle de 1929 avec son krach boursier. Les grands magasins du Printemps, soucieux de dynamiser leurs ventes, lançaient en 1931 leur premier concept de “magasin populaire à prix unique”. Un type d’enseignes alors en plein essor aux États-Unis avec la chaîne Five and Ten Stores – qui atteindra plus de 600 magasins –, et dont les Nouvelles Galeries furent pionnières en France.

En 1931, le patron des Printemps ouvre donc, à l’angle des rues Caumartin et de Provence, le premier magasin de “ventes spéciales à petits prix”. À l’intérieur, les consommateurs découvrent un genre de grand bazar de la maison, bien achalandé, qui propose habillement et alimentation à bon marché. Le succès est au rendez-vous, Monoprix et Uniprix s’engouffrent dans la tendance, et malgré les contestations du petit commerce et du détaillant, leurs concepts se maintiennent.

Prisunic : un magasin dans l’air de son temps

Le prisme de Prisunic change au milieu des années 50. Sous la direction de Denise Fayolle, Prisunic trouve son style. Ancienne championne de patinage artistique, rédactrice un temps au magazine Votre Beauté, elle découvre sa vocation en 1953 lorsqu’on lui confie comme mission d’inventer le “style Prisunic”. Objets du quotidien, vêtements, elle crée « le beau au prix du laid », selon sa formule, travaille sur le marketing des produits de l’enseigne – sacs, emballages, bouteilles, logo –, développe la publicité, inaugure les premiers défilés de mode en musique et va jusqu’à revoir l’aménagement des magasins.

Pour réussir sa mission, Denise Fayolle s’entoure alors des meilleurs, une quarantaine de personnes au total. Andrée Putman l’accompagne comme styliste jusqu’en 1967 (avant d’intégrer l’agence Mafia). Elle lance avec son mari les Suites Prisunic, dans l’idée de rendre l’art et le design accessibles à tous : des lithos en édition limitée signées par des artistes de renom, Niki de Saint Phalle, Jean Messagier parmi eux.
Dans les rayons, l’époque est au plastique et au pop art, la figure de la caissière de Prisunic devient célèbre, le chanteur Jean Ferrat écrit même une chanson « aux petites vendeuses couleur de pschitt orange, et vendeuses chéries en matière plastique ».

Prisunic : un design avant-gardiste à prix cassé

Sous la direction de Jacques Lavaux qui succède à Denise Fayolle, les orientations restent les mêmes. Les grands noms continuent à collaborer, à l’instar du photographe de mode allemand Friedemann Hauss qui crée la couverture du catalogue de vente Été 70. Il recevra la même année le Prix des lectrices de Elle. Pour le lancement de la ligne de mobilier, en 1967, les grandes stars du design sont appelées à la création, Terence Conran, Olivier Mourgue, Gae Aulenti, Marc Held… L’époque est au meuble en kit, modulable, empilable, rembourré de mousse, et à la gloire du plastique encore.

De “la grande époque du Prisu”, le libraire et collectionneur Michael Seksik a réuni une centaine d’affiches, toutes tirées des catalogues de vente Prisunic, des posters thermoformés et autres supports. Accompagnant l’exposition, les pièces de mobilier prêtées par la galerie XXO témoignent de l’avant-gardisme de l’enseigne populaire dans le design et la décoration.

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